mercredi 26 mai 2010

L'organisation de l'agence de Léa (un poème...)

Abonnés du blog et amis FaceBook que j’ai, vous commencez à me connaître un peu : Je suis blonde (« on le saura Léa que t’es blonde… »), sympa, enjouée et rigolote… je sais aussi faire du café (ce qui est absolument essentiel dans la profession…), sourire naturellement aux cons (trrrès difficile, mais trrrès efficace), aider les collègues dans le besoin et dénouer les embrouilles… je suis une perle, vous en conviendrez !

Je vais vous expliquer comment on se débrouille tant bien que mal on est organisés à l’agence. Facile. On est 7. Derrière (dans les 2 petits bureaux qui ferment), y’a Big-boss et Isa. La sous-chef. Notre responsable officielle. Devant, on a mis les plus beaux : de gauche à droite, les trois brunettes, moi, et le p’tit Max (vu comment est configuré le comptoir, en courbe, les clients ne peuvent pas s’asseoir devant lui : ce qui tombe bien parce qu’il traite la billetterie sociétés, et que ça se fait au téléphone…). Derrière notre comptoir, on est rangés proprement tels des mannequins, alors que dans notre tête, on est plutôt des abeilles dans une ruche.

Qu’est ce qu’on fait ?

Big-boss n’est jamais là : il fait du développement commercial. En gros, il va au client pour tapiner rapporter du chiffre à l’agence. Pour ça, il a un vrai talent. Enfoncer des portes, sourire à tout le monde, convaincre la terre entière que « ça, à l’agence, on va vous le faire aux p’tits oignons », c’est son lot quotidien. Mais une fois que Big-boss a chopé le poisson, il ne s’en occupe plus vraiment… il refile la bouse qui pue le dossier-client à celui (enfin… plutôt « à celle » !) de l’agence qui va savoir faire...
Les groupes, les encaissements, les relances à faire, les factures à payer, c’est pour Isa. Isa est son assistante-comptable-maman-cerveau-mémoire-flic. Elle sait tout faire. Elle travaille avec Big-boss depuis environ 1000 ans, (ils étaient salariés ensemble et elle l’a suivi aveuglément quand Big-boss a monté l’agence), elle est secrètement (laissez-moi rire !) amoureuse de Big-boss (qui fait semblant de ne pas s’en rendre compte), elle pense aux anniv’ des mioches de Big-boss, organise les vacances de Big-boss (qui est le client le plus chiant de la terre pardon… le plus fidèle de l’agence : pas un risque qu’il demande ses trucs chics-et-pas-chers à l’agence d’en face celui là…). Isa « traite les groupes ». C’est sa chasse gardée. Alors dés qu’on a plus de 12 clients qui veulent partir ensemble, on les passe à Isa. Ça lui donne un air important. Elle adore. Quand un client nous dit « on est 15 » (genre), on prend l’air impressionné, et on lui dit « je vais voir avec ma responsable si elle peut s’occuper de vous ». Et Isa arrive tel le héros sur son cheval ailé. Et elle négocie avec les fournisseurs. Isa adore négocier (elle les épuise, les fournisseurs). Isa sait aussi quand il faut foutre la paix à Big-boss ou quand on peut lui demander un truc… Elle fait les plannings des samedis, commande les tickets restau, et trie les propositions d’éductours pour veiller à l’équité dans l’équipe (le jour où y’aura un séjour à Séville ou une croisière dans le grand Nord, c’est pour moi !). Isa est mon alliée même si je déteste qu’elle refuse de prendre les lignes. Du coup, on minaude : « Isabelle est avec un client », « elle est au téléphone », « Oh oui, ça risque de durer assez longtemps, elle travaille sur une grosse opération », (toi, connasse, t’es un p’tit dossier pourri, elle s’en fout), « elle va être trrrrès occupée cette semaine » (moi, je branle la girafe, c’est bien connu), « mais bien entendu madame, je lui transmets votre message » (de toute façon, elle ne te rappellera pas, quand on lui parle de toi, elle t’appelle « le boulet »). Mais pour nous (les vendeuses au comptoir), Isa est toujours dispo. Elle paye les factures à réception, engueule les fournisseurs, le banquier, Big-boss, les clients… mais nous, jamais. Je crois qu’elle nous aime. La preuve, elle nous appelle toutes « ma chérie ». En fait, je crois qu’elle nous considère toutes comme interchangeables et qu’elle ne compte pas embrouiller son cerveau avec des info’ aussi peu utiles que nos prénoms.

Les sociétés, c’est pour Max. Max passe sa journée au téléphone, allume les secrétaires des boites qui achètent leurs billets chez nous, les fait rire, a toujours un mot gentil pour tout le monde. Ce qui m’impressionne le plus chez ce mec, c’est qu’il connaît tous les numéros de téléphone par cœur. Quand sa ligne sonne, il est capable de savoir laquelle de nos 50 sociétés en compte appelle… alors, plutôt que de décrocher en annonçant le nom de l’agence, il personnalise ses réponses pour les secrétaires genre il roucoule « le confident de Monique à l’appareil, j’écoute » (ça, c’est pour la grosse qui lui raconte tout le temps sa life) ou « SOS Paris-Turin buon giorno » (pour la boite italienne qui ne vole que sur Turin). Quand il a oublié un truc (parce qu’on lui refile toute la billetterie et qu’il sature parfois un peu quand même, choupinet), il sait (au numéro qui s’affiche) qui l’appelle et ce qu’il a oublié d’envoyer à la boite en question. Alors, il nous demande de mettre la ligne en attente, il rattrape son retard et quand il prend la ligne, il s’indigne « Ah boooon ? Vous n’avez pas reçu mon mail… je vous l’ai envoyé y’a 2 minutes ». Là, la secrétaire va lui répondre tout de suite « attendez, je vérifie. Ah oui, super, je l’ai. Désolée de vous avoir dérangé. Vous êtes un amour, merci » et Max de répondre (comme 150 fois par jour), « oui, je sais, ça me perdra ». Là, la secrétaire glousse, lui fait un autre compliment, et elle raccroche…

Les clients tourisme à la con qui cherchent le mouton à 5 pattes qui ont besoin de conseils, c’est pour moi.

Le client : « alors voilà, je voudrais un hôtel sympa, juste en face de la plage mais très calme surtout… avec un peu d’animation mais pas vulgaire, pas une grosse usine à touristes avec des mioches, mais pas avec des vieux quand même, enfin, vous voyez ce que je veux dire, vous avez l’habitude quoi… »

Moi : « ben ouais, comme la dernière fois : un boutique-hôtel en plein New-York, avec 50 staffs pour 10 chambres, pour 50 dollars. Mais en version mer. Facile ». «Je pense avoir compris : chic et pas cher et bien situé. J’ai une idée d’un petit hôtel dé-li-cieux que vous allez a-do-rer » (bien détacher les syllabes à dé-li-cieux et a-do-rer, c’est important…). Alors là, je sais que je vais faire trois devis : je commence par faire un truc chiadé qui va bien (non pas un petit hôtel délicieux, mais une espèce de chose clinquante, avec mille étoiles et vomissante de luxe), que je vais sur-marger comme une cochonne (ça fait peur au client, mais une fois sur 50, il ne se rend pas compte que c’est hors de prix, et il achète…) ; ensuite, (une fois le client qui s’est étranglé rappelle), je lui envoie un truc à la con un peu en dessous du budget (mais avec des descriptifs qui font peur) et au même moment, j’envoie le truc sympa, 20 à 50% au dessus du budget avec des photos chouettes qui donnent envie…. Toujours avec le même mail d’accompagnement : « la deuxième proposition permet de respecter votre budget et vous permet quelques extra sur place ; ma troisième offre est certes plus onéreuse, mais se rapproche de la qualité de l’hôtel proposé hier pour un prix bien inférieur. Je pense que c’est la meilleure option ». ça marche à peu près à tous les coups…
En plus de mes clients, je suis aussi la nana toujours dispo' pour aider les autres filles du comptoir. En fait, comme je suis la plus ancienne dans l'agence (après Isa qui fait partie des meubles), je suis une espèce de référence pour les autres. C'est pour ça que je revendique le titre de chef de comptoir... ça fera l'objet de mon prochain post...
à suivre...

10 commentaires:

  1. Et pourtant, on les aime nos petites structures! (nous sommes 2 dans mon agence...qui dit mieux?!)

    Très chouette blog :)
    Marie-Laure

    RépondreSupprimer
  2. Léa, si je puis me permettre un conseil de blogueuse avertie ;), tu devrais faire un peu moins long ce qui te permettrait en plus de garder des sujets pour plus tard. Par exemple, Max et ses secrétaires des sociétés en compte, c'est très drôle et ça mérite un traitement spécial. C'est comme pour les articles de journaux ou de magazines, quand le format est trop long, on peine à aller au bout. En tout cas, côté style, ne change rien, j'adore !

    RépondreSupprimer
  3. Complètement d'accord avec Marie. Une chronique doit tourner autour de 1500 caractères...comme disait un rédac chef que je connais bien "ça doit court et nerveux!"...
    Si ce n'est pas déjà fait, va faire un tout sur le blog de la petit poule noire...
    Ses 2 derniers posts illustrent parfaitement ses conseils : un post sur le film qu'elle est allé voir et un sur les us et coutumes dans les salles de ciné en Inde
    Bon courage !

    RépondreSupprimer
  4. Marie, Denis... merci pour vos encouragements et vos conseils ! messages reçus. Je vais nous couper ce post en deux et hop ! le tour est joué...

    RépondreSupprimer
  5. ouais mais bon en même temps, c'est tellement drôle que le fait que ça soit long ben c'est bien aussi..:) le contexte est bien décrit, on s'installe confort dans la situation et tu nous embarques..... et puis ça sent la minette généreuse qui calcule pas et j'aime assez cette spontanéité et cette fraicheur qui caractérise bien ton style Léa.. donc, fais comme tu le sens et perso, je vais trépigner devant mon écran en attendant le prochain chapitre.... en fait, je trouve que tu as une telle plume que tu peux délayer une sauce sans qu'elle perde son piquant !!!

    RépondreSupprimer
  6. Non surtout pas, ne coupe pas ce post en deux, il perdrait toute sa saveur et les 2 qui en résulteraient seraient surement moins bons ! Il faut juste prendre le temps de bien définir ce que tu vas dire et ensuite t'astreindre à ce rester dans ce que tu as décidé sans te laisser embarquer, quitte parfois à sacrifier un jeu de mot ou une phrase amusante. C'est pas toujours facile mais avec le temps on y arrive, je t'assure !

    RépondreSupprimer
  7. Petite précision : Bien sûr, ne change rien à celui-là, c'est juste un conseil pour les prochains. Ça t'évitera de t'essouffler trop vite car tu verras, au bout d'un moment, l'inspiration vient à manquer ;)

    RépondreSupprimer
  8. Marie a raison, j'ai pratiqué l'exercice de façon hebdomadaire et il y a eu des semaines où c'était pas évident de rendre une copie potable

    RépondreSupprimer
  9. Il est pas bon être un de tes collègues...
    Dans la profession depuis 15 ans, j'ai un peu de mal avec l'image si négative que tu donnes quasi systématiquement aux clients.
    Il ne faut pas oublier que c'est un peu grâce à eux si tu es encore là derrière
    ton comptoir !

    RépondreSupprimer
  10. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer