jeudi 20 mai 2010

Commercial, je t'aime

Mardi, je ne savais pas ce qu’ils avaient tous… normalement, on en voit un ou deux par semaine, mais là… ils ont débarqué à 3 reprises à l’agence. Je crois que je pourrais les reconnaître entre mille : le cheveu brillant et impeccable, les pompes bien cirées et de plus en plus pointues (ce qui n’est que justice, car il n’y a pas de raison qu’il n’y ait que les filles qui souffrent à cause de leurs chaussures…), le costume bien coupé, les dents blanches… Je ne sais pas comment ils arrivent à mettre dans leurs cartables autant de brochures, de manuels de vente, de flyers divers et variés… du coup, ça doit peser une tonne et ça leur fait de jolis bras… J’évoque ici bien sûr les commerciaux…

Anyway… le commercial tourisme passe sa life en éductour (je n’ai pas encore écrit mon post sur les éductours d’ailleurs… bouge toi un peu ma fille… tu l’as promis…) donc, il a plutôt une jolie mine. Certes, il arrive qu’en éductour, il doive à la fois faire le clown, l’assistante sociale, le garde-chiourme, l’infirmière et le pompier sexuel donc… le commercial a parfois des petites cernes… mais il arrive en général à les camoufler (à peu près) grâce au soutien sans faille de l'auto-bronzant et des lunettes de soleil…

Le commercial tourisme n’est pas non plus un travailleur acharné devant l’éternel. Je ne tiens pas à faire ma gossip-girl mais j’en fréquente depuis neuf ans, alors ils commencent à se confier un peu… Pas facile d’arriver avant 10h dans les agences, pas question de venir entre midi et 14h (mais bon… il nous arrive bien souvent de leur proposer de rester déjeuner au bistro du coin avec nous…) et surtout pas après 17h. Je recompte : 10h30 / 17h : Ça fait pas vraiment des grosses journées…. Et qu’on ne me raconte pas qu’ils ont des trucs à faire genre préparer leurs rendez-vous et rédiger des rapports de contacts… parce que sinon, le lundi, ils font quoi ? (branler la girafe en réunions… bon, d’accord…)

En fait, j’aime bien mes commerciaux (c’est politiquement incorrect ou j’ai le droit de dire que je suis un peu tombée amoureuse 2 ou 3 fois ?) mais bon… on n’épouse pas un mec qui passe sa vie à emmener des minettes d’agences de voyages visiter des hôtels au Maroc ou à Maurice… pour peu qu’il bosse pour un petit TO ou une compagnie européenne non-européenne, le commercial se voit aussi attribuer un secteur à la con genre 20 départements dont on ne sait même pas où ils sont… et imaginer mon futur chéri à l’Ibis de Cherbourg ou de Dijon, je ne peux pas… parce que si le commercial TO a dragué la Léa de l’agence *>§@é&*$=µ% à Paris Nème arrondissement (certaines info’ sont censurées… je ne vais quand même pas vous dire où je bosse non plus…) il est capable de faire du gringue (quoi ? j’ai écrit « faire du gringue » ? penser à demander à ma grand-mère d’arrêter de rewriter mes posts), il est capable, ce salaud là, disais-je, d’énerver sexuellement une petite écervelée d’une agence de Cherbourg (ou pire, de Dijon) et de lui faire son affaire dans une improbable chambre d’hôtel Ibis. Tout ça pour prendre des parts de marché… Et ça, c’est insupportable.

Alors… puisque je ne les épouserai pas, voici quelques messages perso’ pour mes commerciaux préférés et aussi pour tous les commerciaux du monde qui démarchent les agences de voyages… (mes sœurs en agences, ne me remerciez pas… je fais ça par pure abnégation pour nous faire gagner du temps à toutes…)

1 - Non, vous ne dérangez pas, et on est même assez contentes de vous voir mais (parce que oui, il y a un « mais »), on n’est jamais assez nombreuses au comptoir, ce putain de téléphone n’arrête pas de sonner, et non… on n’a pas trop le temps ! mais si… mettez vous là, on est à vous tout de suite (enfin « à vous » façon de parler… reste clame mon garçon…)

2 - On se fout comme de l’an 40 que vous ayez 12% de capacité en plus sur les charters du mardi ou que vous lanciez la Bulgarie cet été. En revanche, on veut bien des infos précises et concrètes sur les nouveaux hôtels qu’on ne connaît pas, que vous nous indiquiez les 2 ou 3 trucs sympa qu’on pourrait mettre en valeur pour convaincre les clients que là… oui, ils peuvent y aller les yeux fermés…

3 - Quand vous évoquez un hôtel et que vous dîtes « réfectoire » au lieu de « restaurant », on comprend que c’est du vécu et que le lapsus est assez révélateur… alors, n’essayez pas de vous raccrocher aux branches. Si vous êtes allés en éductour (avec d’autres agences parce que nous, on n’a pas été invitées), on aimerait bien que vous nous disiez honnêtement que la photo sur la brochure, là, en page 38, elle est truquée et que non, y’a pas la mer face à l’hôtel… surtout si vous le savez. Ça nous éviterait de nous prendre une volée de bois vert au retour des clients à qui on a vendu un truc en vous faisant bêtement confiance.

4 - Si on vend une desti’ chez vous et pas les autres, c’est qu’il doit y avoir une bonne raison : alors essayez de comprendre pourquoi on ne vend que celle là (ou, au moins, posez nous la question…) plutôt que nous baratiner sur la desti’ que vous aimeriez bien qu’on vende (essayez juste d’accepter le fait que vous n’êtes pas tout seul sur la desti’ en question)

5 - Les commerciaux des compagnies aériennes… si on a vendu une fois un Paris / Bangalore en business à une société qui d’habitude n’achète que du Paris / Bordeaux, et qu’on ne sait pas pourquoi ils ne sont pas retournés à Bangalore depuis, c’est parce qu’on ne demande pas systématiquement à nos clients ce qu’ils vont foutre à Bangalore. Parce que ça ne nous passionne pas… on comprend que vous adoreriez qu’on en vende tous les jours mais, on ne va pas proposer aux sociétés de retourner à Bangalore quand elles ne nous appellent que pour réserver des Paris/Bordeaux. Mais on n’a pas de problème à vous filer le numéro de la société en question. Mais (mon garçon), tu perds ton temps, là…

Alors, sinon… ceux que j’aime :

1 - Les commerciaux qui se souviennent de nos prénoms et qui ne nous donnent pas du « ma cocotte » ; je ne suis la cocotte de personne (même s’il m’arrive, je le sais, de roucouler un peu… mais c’est pas le même oiseau, merci)

2 - Ceux qui savent se servir d’Amadeus. Et s’ils connaissent le format spécifique à leur compagnie pour tarifer les négo’, c’est mieux… pare que comme y’a pas deux compagnies qui font la même chose…

3 - Ceux qui vont droit au but mais qui ne récitent pas leur leçon (genre : ceux qui nous épargnent les discours sur les augmentations de capacité sur la Bulgarie). Parce qu’ils nous écoutent et essaient de cerner nos besoins avant de nous vendre leurs salades (moi, je fais comme ça avec mes clients : ça m’a l’air d’être juste du bon sens, mais visiblement, tout le monde n’en est pas doté…)

4 - Celui qui me parle murmure des mots doux comme si j’étais une princesse, qui trouve ma conversation passionnante, qui a l’œil turquoise qui pétille, qui a toujours une invit’ pour des séjours gratuits « parce qu’il faut bien que je connaisse pour bien vendre ». Alors lui, je ne le connais pas. Si quelqu’un pouvait me filer son téléphone…

3 commentaires:

  1. Bonjour Léa, j'arrive sur ton blog via Facebook et Denis que j'ai connu il y a fort longtemps à Toulouse à une époque où j'étais ... commerciale (eh oui, il y a aussi des filles commerciales et pour la drague vu que la profession est, disons, à 99% féminine, autant oublier cet "argument"). Auparavant, j'ai été aussi agent de voyages donc je me suis située des deux côtés du comptoir à des moments différents de ma vie. Je trouve ta typologie et ton inventaire très bien vus et j'ai souri plusieurs fois à la lecture de ton billet. Quant à mon actu, je suis femme d'expat à Hyderabad en Inde mais ça aurait tout aussi bien pu être ... Bangalore ;

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  2. Ma poulette noire (tu permets que je t'appelle Poulette ?), tu as réussi ! Bravo ! On rêve toutes de devenir femme d'expat' (moi, si je pouvais choisir, ça ne serait pas en Inde... mais à New-York, en Asie ou sur une île...). Je comptais effectivement parler aussi des commerciales de sexe féminin... je me suis ravisée parce qu'elles sont le plus souvent fort jolies, et que je n'aime pas la compet'

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  3. Moi mon rêve quand j'étais agent de comptoir, c'était de travailler un jour en compagnie aérienne, pas une de troisième zone, non, une grande. Et je l'ai réalisé pendant 15 ans. Je n'ai jamais rêvé d'être hôtesse de l'air non, ni d'être femme d'expat, d'ailleurs. Dans le genre écervelée, ici y aurait de quoi écrire crois-moi. Le problème c'est que mes copines expats me lisent parfois ;)

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