Il semble que ça s’agite chez les TO et dans les têtes de
réseaux et que le Landerneau de la profession ne parle que de ça. Le sujet qui
passionne nos apparatchiks, c’est « qui va être le prochain président du
SNAV ? ». Le sujet passionne peut-être les patrons mais moi, petite
agent de voyages, je vais vous faire une confidence : je m’en fiche
éperdument.
Ce que l’on sait, c’est que de ces élections, va sortir une
espèce de politburo avec une armée de présidents de régions, d’administrateurs,
de représentants par familles, de présidents de commissions qui vont élire un
conseil d’administration qui va lui-même élire un président dont les favoris jurent
la main sur le cœur qu’ils n’y pensent même pas en se rasant.
Mais que bon, éventuellement, vraiment, si on les supplie,
ils pourront y aller. Pour l’intérêt national, bien entendu. Pas pour leur soif
de pouvoir.
En fait, le SNAV, c’est un genre de Sénat. Avec des gens qui
connaissent vraisemblablement leur métier (ils sont à la tête d’une agence,
puisque le SNAV est un syndicat de patrons), qu’ils ont manifestement fait
leurs preuves (tellement d’agences ont fermé ces dernières années que si leur
boite marche, c’est qu’ils savent la gérer) mais qui sont… comment dire ? D’âge
respectable.
A l’heure où j’écris ces lignes, on ne connaît pas exactement
la liste des impétrants.
Vous me connaissez, depuis bientôt 4 ans que j’écris dans
TourMaG, je n’ai jamais usé de familiarité avec les grands de notre petit
monde. Je n’appelle pas les gens pas leur prénom, encore moins par leurs
initiales, des diminutifs ou des petits surnoms. Je laisse ça à mon Tonton Dom
de la case d’en haut. Chacun son rôle à la rédac’ de TourMaG.
Céline, la rédac-chef adjointe de TourMaG a dégainé son téléphone
et appelé les gens qui comptent dans notre profession pour leur demander ce
qu’ils attendaient de notre futur président du syndicat. (c’est son rôle à
elle, l’enquête terrain et l’analyse).
Attention, y’a du lourd : Selon l’échantillon non
représentatif des interviewés, le futur président devra avoir 3 qualités
essentielles : il devra être « efficace, compétent et professionnel ».
Ah ouai ! Michèle Faure de Courtine Voyages (une agence rose bonbon qui
fait un très beau volume d’affaires) prend des risques en dépeignant le profil
d’un candidat clivant. Bien des gens préféreraient sans doute un président qui
« brasserait de l’air, bon à rien et carrément amateur » !
Il y a tellement de melons surdimensionnés dans la profession qu’à la lecture des scoops
de Michèle Faure, bien des patrons du tourisme ont dû se dire « efficace,
compétent et professionnel ? Cette Michèle m’encourage à mots couverts à
me présenter ».
Je vais peut-être dire une bêtise mais le président du SNAV
va incarner dans les média toute la profession pendant les prochaines années.
OK, je ne suis qu’une petite agent de voyages blonde mais je
pense (autant qu’une femme blonde, frivole, jeune et bobo snob puisse penser)
que le premier rôle du prochain président du SNAV, ça devrait être de donner
envie aux gens d’entrer dans les agences de voyages (pour y acheter des
voyages : pas pour se mettre au sec parce qu’il pleut).
J’ai fait mon casting. Je ne vote pas (je ne suis pas
patronne), mais je me suis lancé dans le jeu des auditions façon nouvelle star
(sortez vos bleus et vos rouges).
Candidat numéro 1 : Jean-Pierre Mas. Favoris des
sondages. N’y pense pas en se rasant le matin (comme un certain Sarkozy en 2007
et ça lui a plutôt réussi). Fin politologue. A écarté FXDB (aïe, je commence à
leur donner des diminutifs). Contrôle 20% des agences immatriculées en France.
Part avec de sérieux avantages (le bourrage des urnes par exemple).
Candidat numéro 2 : François-Xavier de Boüard. C’est
l’un de mes candidats de cœur d’abord parce que je le trouve rassurant :
outre son port aristocratique, il assume ses cheveux blancs, il a une rondeur
débonnaire et il fume le cigare. Ecarté de la gouvernance d’AS Voyage, il
pourrait prendre sa revanche sur Mas en étant couronné roi des agences de
voyages. Sur son trône, il distribuerait des bons et des mauvais points. Et
traiterait Mas comme son valet. Juste retour de bâton. Comme cette profession
est un vrai panier de crabes, nombre se reconnaîtraient en lui. Mais regardons
les choses en face : il n’a aucune chance : Mas lui savonnerait la
planche avec tant de soin que FXDB n’arriverait pas à monter sur une estrade faire
un discours de campagne.
Candidat numéro 3 : Richard Vainopoulos. J’ai fait
exprès de le nominer juste après les anciens co-présidents d’AS Voyage, juste
pour lui rappeler que TourCom n’est que le deuxième réseau
d’indépendants en France. Avec lui, le discours est clair « l’état, c’est
moi ». Modesto pourrait dire sans arrêt « je l’avais dit avant tout
le monde », « je ne me trompe jamais » et « je suis le
meilleur ». Le problème, c’est qu’on attend du président du SNAV qu’il
soit proche des média. Et Monsieur Vainopoulos n’aime pas trop les journalistes
(syndrome Jean-Luc Mélenchon). Fausse Bonne Idée.
Candidat numéro 4 (et actuellement n°2 dans les
sondages) : Richard Soubielle. Un type que tout le monde connaît mais dont
pas grand-monde n’est capable de dire où il travaille, c’est clairement un bon
communiquant. Mais je pense qu’il sait bosser puisque FRAM avait quand même une
autre allure quand il dirigeait la prod du TO qui sent bon le bob Paul-Ricard.
De plus, j’avoue avoir une admiration particulière pour un mec qui est
président d’une boite qui ne publie pas ses comptes (source : Infogreffe)
et qui fait bosser sa (fort jolie) femme. Il peut ainsi capitaliser sur un
détail : la possibilité que de nombreux patrons (hommes) du tourisme se
disent « ce mec est comme moi, il ne peut pas être un mauvais
bougre » (syndrome Bill Clinton)
Candidats numéros 5 et 5 bis : Alain de Mendoça et
Folco Aloïsi. Je trouve qu’ils feraient vraiment un bon duo à la tête du SNAV
et je ne dis pas ça parce qu’ils ont été mes premiers patrons… Bien entendu,
les statuts n’ont pas prévu la possibilité d’élire des co-présidents mais 1)
avec deux cerveaux, on a forcément plus la capacité de penser qu’avec un seul
(cerveau), 2) tout le monde (dans le grand public) connaît promovacances, 3)
ils sont tout de même très présentables sur un plateau télé. Si on file la
métaphore politique, c’est un peu (en beaucoup plus jolis) les Bayrou/Borloo du
tourisme, ce qui ne leur laisse pas présager un très bel avenir.
Candidat numéro 6 et à mon avis le plus légitime pour
mériter le poste (et donc, il ne l’aura pas) : Geoffroy de Becdelièvre. Nom absolument moisi, sourire
éclatant, mèche impeccable, gros bosseur, sur-mesure et web, ce mec est un
génie. Fondateur de Passeport-Chine, il change le nom de sa boite en PlanetVeo,
dépense des millions pour acheter de la notoriété, réussit à lever des fonds
sur la renommée de sa marque et un soir, complètement ivre, il lance un pari
idiot, le perd et… change le nom de sa boite en Manolo et Pepito.
Pathétique. Comme dans le tourisme, on
est des loseurs, fonce : sur un malentendu, ton élection comme président
du SNAV, ça peut marcher. (le nouveau nom de ta boite, en revanche, n’y compte
pas trop…)