Le 18 juillet à 10h45, en réponse d’un post à propos de moi (au risque de paraître vaniteuse, sachez que j’adore qu’on parle de moi…), une Coralie écrivait « je suis stupéfaite que cela prenne autant d’envergure ! Léa n’existe pas ; c’est un scénario monté de toutes pièces… alors faites retomber la pression ». La preuve que je n’invente rien : son commentaire est le n°7, ici…
Cette Coralie n’est pas ma Coralie à moi, celle qui a fait un bébé en février dernier et qui est la meilleure collègue du monde ! Parce que Coralie, elle sait que Léa, c’est moi… et que j’existe.
Pour sa meilleure compréhension, j’écrirai dans ce post soit à la première personne du singulier, soit à la troisième. Donc « moi », c’est ma véritable identité (je ne vais quand même pas vous donner mon vrai prénom…) et lorsque j’utiliserai « Léa » et la troisième personne du singulier, ça sera pour parler de ce personnage, cet avatar que j’ai inventé en mai 2010 et qui est mon une espèce de double… Oui, Léa parle comme moi, et je parle comme Léa, puisque c’est moi (et moi seule) qui la fait parler.
Léa me ressemble beaucoup. Je suis agent de voyages confirmée et désormais responsable du point de vente d’une « grosse agence parisienne ». Et je passe ma life en éductours. Si j’écris avec sincérité les posts de Léa, c’est que dans ce que je raconte, il y a au moins 70% de vérité… il y a aussi de l’exagération et un peu de totale invention. Comme je tiens à rester anonyme, inventer une partie de ce que j’écris me permet de rester discrète sur mon identité…
Pour ce post, exceptionnellement, je n’écrirai que 100% de vérité. Rien ne sera exagéré, rien ne sera inventé… je vous le promets. Et profitez-en : dés la rentrée, je reprends mes habitudes lyriques !
Retour vers la genèse de l’histoire. Mai 2010, je réserve un dossier chez Thalasso n°1. Le mec à la résa est efficace, rapide, sympa, il a une trrrrrès jolie voix et comme j’ai tendance à tomber amoureuse toutes les 5 minutes, quand il me demande « ton code agence s’il te plait », je commence à fantasmer et à imaginer que c’est mon numéro de téléphone qu’il me demande… et puis on arrive à la fin du processus de résa et il me demande mon prénom (et pas mon 06) :
- Moi : «[-*ù^à)ç] et toi ?
- Lui : José
Et là, le mythe s’effondre… il faut savoir que ma meilleure amie et moi appelons tout le monde « José » ou « Josette ». Exemple : quand l’une demande à l’autre « tu me redonnes le numéro de Body Minute s’t’ep’ ? il faut que je prenne rendez-vous avec Josette», il faut entendre « il faut que j’aille me faire tirer les poils, redonne-moi le numéro de Brigitte s’il te plait » (Ben oui : notre esthéticienne s’appelle Brigitte, mais on l’appelle Josette). Autre exemple : quand je dis « j’ai passé un sale week-end : José a bossé samedi à cause d’une charrette, il est arrivé à 21h au dîner chez Babette et Stéphane sans laisser ses soucis au bureau, et dimanche, il a regardé Roland Garros à la télé en comatant », c’est que mon mec du moment (Laurent, pas José…) a vraiment bossé samedi alors que ça n’était pas prévu, qu’il est arrivé à la bourre chez nos amis Babette et Stéphane, qu’il n’a fait que parler de ses problèmes de boulot, et que le dimanche, il a vraiment larvé devant la télé en matant du tennis.
Parce que cette histoire de José m’avait fait rire, je fais un mail à ma meilleure amie pour le lui raconter… on en rit… et puis elle me dit « il faut savoir passer outre ses préjugés : il a une jolie voix, il fait presque le même job que toi, il doit avoir des prix sur les thalasso’ [oui, j’adooooore les thalasso…], alors même s’il s’appelle José, ça vaut le coup d’essayer… » J’avoue avoir lancé le blog de Léa et sa page page Facebook pour tenter de me faire remarquer par José…
J’ai immédiatement demandé comme contacts FaceBook des agents de voyages et surtout des salariés de TO. Quand mon commercial Thalasso n°1 a accepté mon invitation, j’ai su que c’était gagné : José allait avoir vent de mon existence… et j’ai commencé à écrire ce qui me passait par la tête en réaction des actualités du secteur et de mon expérience en agence. Et puis un jour, j’ai reçu un mail de Jean Da Luz. Ça disait un truc comme : « Léa, un ami m’a indiqué votre blog et j’aime beaucoup ce que vous faites. Me permettez-vous de reprendre vos billets dans TourMag.com ? »
Cette petite notoriété m’a amusée. J’ai accepté. Et là, ça a été un engrenage. Parce que forcément, l’audience de TourMaG a boosté mon envie d’écrire. J’ai reçu des mails d’encouragement. Beaucoup… et puis on m’a posé des questions, on m’a demandé des conseils et quand j’ai vu que certains agents de voyages ont mis des liens vers mes posts sur leurs murs FaceBook ou que des réseaux d’agences ont parlé de mois dans leurs intranets, je me suis moi-même mis la pression :
Pour une fois, une petite agent de voyage blonde et discrète, représentante de la « majorité silencieuse » des vendeuses (et non pas un grand patron, une tête de réseau ou un élu syndical) pouvait faire passer un message.
C’est par l’humour que je veux communiquer : Léa et moi aimons notre métier, sommes impliquées dans nos entreprises et voulons continuer à nous éclater dans ce métier passionnant. Plusieurs fois, en éductours et lors de formations organisées par le réseau auquel j’adhère, des gens ont « parlé de Léa » devant moi. Au début, c’est très déstabilisant… mais je m’y suis vite habituée.
Plusieurs fois, j’ai reçu des mails comme « je vis la même chose que toi », « mon patron ressemble tellement à ton Big-Boss… », « on a vraiment les mêmes clients ! », « j’essaie de mettre ma chef de comptoir mal à l’aise en utilisant tes expressions parce que je suis persuadée que Léa, c’est elle… ». J’ai aussi été bien des fois remerciée. Cette reconnaissance me fait vraiment plaisir !
Lors des premiers mois, nombreux ont été ceux qui ont voulu savoir qui j’étais… j’ai reçu des invitations à des éductours, j’ai été tentée de monnayer certains de mes posts, j’ai résisté à la tentation de régler mes comptes personnels sous la plume de Léa… Aujourd’hui, ils ne sont plus que quelques-uns à insister pour essayer de connaître ma véritable identité. Je crois que ceux qui aiment Léa ont compris que l’important était ce que disait Léa et pas qui était la personne qui se cachait derrière son clavier pour écrire au nom de Léa.
Certes, j’ai peut-être laissé dériver certains de mes propos, mais je ne regrette pas d’écrire ces posts depuis 15 mois. Je pensais que j’allais me lasser mais au contraire : vos réactions positives comme négatives me font réfléchir et avancer. Comme je sais que mes posts vous font aussi réfléchir :
« j’adore ce que tu écris, mais je me suis sentie blessée à la lecture de ton post sur la façon d’accueillir les clients en agence. J’avoue ne pas toujours être aimable et disponible pour mes clients, mais tu sais, ça n’est pas toujours facile de rester aimable avec toute cette pression »…
« je viens d’obtenir mon BTS : toutes mes copines veulent être assistantes de production, mais moi, je veux faire de la vente : ça m’a rassurée de voir qu’on pouvait être passionnée par la vente après 10 ans de métier »
La semaine dernière, une agent de réservation d’un petit TO qui fabrique du voyage à la carte m’a demandée comme contact sur FaceBook. Elle m’a indiqué que le chef des ventes de son TO avait imprimé plusieurs de mes posts et demandé à ses agents de résa de réfléchir au quotidien des agents de voyages et comment le TO en question pouvait s’adapter aux demandes des agents de voyages.
Alors voilà : j’ai été dépassée par la notoriété de Léa. Mais j’aime le regard décalé, acerbe et critique de Léa sur mon métier. Et je crois que l’agent de voyages que j’étais avant d’être Léa est devenue meilleure grâce à Léa.
Vous croyez que je suis journaliste ? Que nous sommes plusieurs à écrire les posts de Léa ? Franchement, je m’en moque. Moi, je sais qui je suis… Léa ne pourra pas plaire à tout le monde. On le sait toutes les 2 :-) Je crois que Léa plait bien plus à « l’agent de comptoir de base » qu’au grand patron du tourisme.
Et c’est dommage : parce que tout en haut de leurs tours d’ivoire, les grands patrons du tourisme devraient être à l’écoute de la base, de la « petite agent de voyages blonde » qui constitue le gros des troupes de ses équipes ou de ses clients-revendeurs. Elle est fatiguée, mais elle s’accroche. Elle fait de son mieux. Elle a envie de faire du chiffre et de vendre du bonheur à ses clients.
Léa a des détracteurs mais elle a plein d’amis… « Léon le Patron » (que j’ai fini par rencontrer), une courtier en voyages, des étudiants en tourisme (dont l’un m’appelle « Maman »), quelques « petits patrons », des directeurs commerciaux de TO et surtout plein de frères et sœurs de Léa : de agents de voyages qui réfléchissent sur leur métier, leur salaire, leur avenir professionnel et celui de la profession. C’est pour ces « amis » que Léa écrit. Et aussi un peu pour faire bouger les mentalités de la profession.
Je n’écrirai pas pendant près d’un mois. Léa et moi partons en vacances et nous allons déconnecter de notre quotidien : pendant onze mois, nous sommes des agents de voyages au comptoir ou en éductour. En août, nous seront des touristes qui prendront le temps de découvrir le monde sans penser à la fusion NF/Marmara, aux low-costs qui nous dénigrent, aux TO qui accordent des réductions aux CE et aux hôteliers qui vendent en direct grâce à Trip Advisor.
En septembre, Léa et moi reviendrons boostées comme des folles. Je vous promets que je vais continuer d’écrire des posts et que je ne lâcherai rien. Je réfléchis aussi à plusieurs façons de faire évoluer Léa pour que son action soit davantage reconnue.
Quant à mes détracteurs (mon dernier mot sera pour eux…), s’ils ne veulent pas se remettre en question, qu’ils cessent de me lire. Rien ne les y oblige.
Bonnes vacances !
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