mercredi 15 septembre 2010

Big-Boss me propose une promo’ (et pas « un voyage en promo’ »)

Quand Big-Boss a monté l’agence (ça fait quatorze ans maintenant…), il était commercial groupes et sociétés pour une très grosse agence… Quand il est parti. Il a entraîné avec lui sa collègue : Isa’ dont le désir pour Big-Boss se voit à peu près comme si elle avait un poireau sur le nez.


Tout de suite, ils ont embauché une puis deux billettistes pour s’occuper des sociétés. Et Isa’ s’est concentrée sur les groupes et la paperasse. Quelques années après, Big-Boss a voulu développer le tourisme, et il a embauché Agnès, qui a fait des merveilles. Une perle cette Agnès.


Qu’est ce que j’ai pu en entendre parler de celle là… Alors qu’aux sociétés, les filles partaient au bout de six mois ou un an, Agnès a été par-faite pendant sept ans. Un rayon de soleil. Jolie, Chaleureuse, Compétente, Jamais un mot plus haut que l’autre. Les clients l’a-do-raient. Sauf qu’un jour, Agnès et son mari ont pété un plomb : ne supportaient plus Paris… tour du monde en bateau… ça devait durer un an. Aux dernières nouvelles, ils sont toujours en Thaïlande à tenir une guest-house un peu crapouille à Krabi. Adieu soleil, chaleur, sourires, compétence…


Catastrophe ! Impossible de trouver une fille aussi extraordinaire qu’Agnès. Il y a eu plein de « nouvelles » qui sont restées quelques semaines à peine, Isa’ est passée au comptoir. Elle ne s’en sortait pas. Ils ont fini par embaucher deux filles au tourisme du coup… Et puis un jour, Big-Boss m’a embauchée. Parce que je lui rappelais Agnès « en plus jeune bien entendu ». Ben forcément… Début de l’histoire.


Et six mois après mon arrivée, on n’en entendait plus parler d’Agnès. Mais les habitués disaient « qu’est ce qu’elle est bien la p’tite blonde ». Et puis, j’ai formé à mes méthodes toutes les nanas qui sont arrivées ensuite : Muriel (partie depuis). Amandine, puis Sophie et Alexandra (parties aussi) puis Coralie et enfin SoniaOn n’a pas eu un départ depuis 3 ans. Là, on est installées dans nos postes et l’agence marche super bien !


Lors de la réunion traditionnelle de la rentrée, Entre chiffres, objectifs, perspectives, etc… Big-Boss nous a lâché deux infos : 1 – Coralie est enceinte, et comme on est au taquet, on prend une fille en CDI pour remplacer Coralie puis renforcer l’équipe (et accessoirement, les filles du comptoir ont leur mot à dire sur le recrutement) ; 2 – il veut lancer un site web dédié au Maroc pour booster la destination (qui est déjà la plus grosse de l’agence).


Et puis quatre jours après, il m’invite à déjeuner. Il avait l’air soucieux. Limité énervé. J’ai flippé parce que je croyais qu’il avait découvert mon blog. C’est vrai que je suis pas très tendre avec la grosse Isa’ dans le blog. J’ai des « copines facebook » qui m’ont dit que j’y allais un peu fort… je vais essayer de me calmer.


En fait non ! rien à craindre… il m’a tourné autour pendant des siècles pendant que je gargouillais du ventre (et les entrées qui n’arrivaient pas…) pour me dire que voilà.. j’avais « 6 ans d’ancienneté », que j’étais « arrivée au top de ce que pouvait faire une vendeuse » (bla bla bla), « faisais un super gros chiffre »,(bla bla bla) « souriante, sympa » (bla bla bla) (blabla), « entrainante, consciencieuse, complètement autonome »« élément précieux », « avenir dans l’entreprise », « accompagner le développement » tout ça… (je vous l’ai fait rapide, parque ça, c’était le kir + les 15 minutes d’attente + mon avocat-crevettes qui avait fini par arriver et que j’avais englouti alors que lui n’avait toujours pas touché à son saumon fumé…)


« Bon… concrètement » a-t-il ajouté… et là je me suis dit « ah. c’était que l’introduction »… « Il faut que tu évolues pour ne pas te scléroser dans ton poste ». Là, j’ai relevé ma mèche. Puis mes yeux. Enfin un sourcil. « Franchement, est-ce que j’ai l’air de me scléroser ? ».Voilà. J’avais réussi à en placer une.., Big-Boss n’avait toujours pas touché à ce saumon, je sentais mon poulet qui arrivait, et il repartait sur un monologue « changer avant de s’ennuyer », « évolution naturelle », « ambition », « apprendre quelque chose de différent », « mérites une promotion », « mener un projet » et là, j’ai compris : « Tu veux que je m’occupe du site web sur le Maroc ? », Son visage s’est illuminé. « ça me fait VRAIMENT plaisir que tu aies envie de t’en occuper ».


Là, j’avoue, j’ai paniqué Comment réagir ? Je n’ai pas du tout envie d’être toute seule dans un coin à m’exciter contre un ordi qui ne marche pas et une photo aux dimensions capricieuses à intégrer à texte trop long. Ou trop court. Pas du tout envie de passer les trois-quarts de mon temps sur une seule desti’ (surtout le Maroc où je pense ne plus rien à avoir à apprendre) et encore moins de lâcher les filles du comptoir. A ce rythme là, dans deux ans, je suis comme Isa’


Respiration. Concentration. A moi ! Là j’ai quand même dit à Big-Boss « tu devrais attaquer ton saumon fumé, il va être froid » (et surtout, j’avais peur qu’il me fasse une syncope). J’ai improvisé un p’tit speech et j’ai fait comme avec les clients qui voulaient aller en Asie alors qu’il ne me manquait qu’une vente pour gagner un challenge Kenya dont le terme était fixé le jour-même… (en gros : leur dire que la Thaïlande c’est bien, mais que le Kenya, c’est mieux ).


Je vous la fais rapide : « très contente que tu reconnaisses mon travail », « valoriser aussi le comptoir » , « besoin de variété », « pas envie de me scléroser sur une seule desti » (là, il était effondré parce que j’avais mis son seul argument à terre), (il faut que je me remette de ma rupture avec Thierry et que je me trouve un mec d’ailleurs, sinon je vais devenir folle, mais ça n’a rien à voir), « suis une vendeuse dans l’âme », « pas envie d’être concentrée derrière un écran toute la journée», « besoin de contact humain »« très envie d’accompagner le développement de l’entreprise » (c’était écrit comme ça dans Biba) « alors voilà… »


(Là, j’ai fait mon sourire n°4, celui où je vends l’assurance), je l’ai regardé par en dessous (par miracle, une petite mèche a barré mon front pile à ce moment là…) et j’ai sorti le grand jeu « puisque tu parles de promotion, j’y pense depuis l’annonce du congé mat’ de Coralie : Amandine et Sonia n’ont pas la même expérience que Coralie et moi ; c’est normal : c’est leur premier job… et puis, on va intégrer une nouvelle, et ça fait longtemps que j’essaie de faire comprendre à Max qu’il devrait se mettre au tourisme parce que les sociétés, ça ne rapporte plus rien…et puis on va être plus nombreuses ». (là, je n’en étais qu’aux préliminaires)


« je pense VRAIMENT » (là, j’ai pris l’air grave) « que le comptoir a besoin d’être structuré. Là, on est sur une organisation très intuitive, presque automatique. Mais le comptoir, c’est comme un équipe de foot » (léger blanc : ménager le suspens et parler avec les mots que Big-Boss comprend). « Tu vois, quand tu as des nouveaux dans l’équipe, en fonction des personnalités de chacun, ça peut être bien de passer d’une organisation en 4-4-2 à une organisation en 4-3-2-1, Et dans ce cas, il faut tout remettre à plat et bien redéfinir les rôles de chacun » (comme quoi, écouter ce qui se raconte à l’équipe du dimanche et pas seulement mater les cuisses des footballers ça peut servir à quelque chose).


« j’y pense depuis lundi soir : je suis sûre que je ferais une bonne chef de comptoir ; et puis les filles seraient ravies de savoir qu’elles peuvent officiellement compter sur moi » (prends ça dans les dents, la Isa qui se défausse et n’assume jamais ce qui ressort officiellement de sa responsabilité)


Big-Boss ne bronchait plus. Je me disais qu’on allait le perdre. J’étais prête à composer le 112 quand il a à nouveau ouvert la bouche. « Alors vraiment, je ne l’avais pas du tout envisagé sous cet angle » (tu m’étonnes…) il a ensuite expliqué qu’il avait bien kiffé « la finesse de mon analyse » (il n’a pas dit « kiffé » mais ça voulait dire ça), ajouté que je faisais « preuve de beaucoup de maturité » et qu’il était « très heureux de ma grande implication ». M’a posé quelques questions… limite demandé des conseils (genre, je faisais son business plan). M’a promis d’y réfléchir… et puis la cerise sur le gâteau, c’est quand il m’a demandé comment je ferais « à sa place, pour le site web Maroc ».


C’est sorti tout seul : j’ai expliqué que « tu vois, comme t’as plein d’idées, que tu es très créatif, tu pourrais bien affiner l’offre » (bien entendu, je vais quand même lui récapituler ce qui plait le plus à nos clients et avec quoi on les convainc : genre je gère bien le comptoir quoi…) et qu’Isa « qui est très structurée et excellente négociatrice, pourrait négocier des partenariats » (tu m’étonnes, ça va bien l’occuper ça, dans son placard… les mots fléchés de Gala, faudra qu’elle attende d’être rentrée chez elle pour les attaquer).


Là où j’ai assuré un max, c’est quand j’ai conclu par « A ta place, je procèderais comme ça pendant un an, Pour lancer le truc. Je crois que Sonia aurait envie de charger du Maroc mais avec le départ de Coralie, j’ai vraiment besoin de Sonia et Amandine au comptoir pendant que je coache Max et la nouvelle » (genre : c’est officiel : je gère, j’organise, je délègue, je forme) « mais touche-en lui deux mots quand même »


En résumé : maintenant que je suis presque chef, j’envoie Big-Boss au Maroc, j’occupe Isa, je motive Sonia à un nouveau challenge à moyen terme… c’est qui la reine de la ruche ?


Big-Boss a encore bredouillé des trucs où j’aurais rougi si je n’étais pas moi-même étonnée de mon culot, il m’a dit qu’il allait en parler à Isa’ et que ça serait bien que j’affine ma réflexion d’ici une petite semaine. Pour qu’on en reparle tous les 3.. (genre, ça y est, on fait un comité de direction).


C’est pas pour me la péter, mais j’ai jamais aussi bien assuré…

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