mercredi 30 mars 2011

Léa est nommée chef d’agence

Résumé des épisodes précédents : Dans la petite agence « haut de gamme » où bosse Léa, se pressent 8 personnes :



- Un Big-Boss jamais là,


­- La vieille Isa qui gère la compta, les négo’ avec les prestataires et l’assistanat de Big-Boss et qui fait les mots fléchés de Voici en lousdé dans son cagibi. Elle est aussi sensée lancer le site web sur le Maroc, mais ça n’avance pas beaucoup cette chose… Et elle s’occupe des groupes,



- Max, la meilleure copine des secrétaires : il traite la billetterie sociétés. Il parle très vite, a toujours un mot super gentil pour les secrétaires, et il manie Amadeus comme personne. Depuis quelque temps, il s’est lancé sur la vente de city breaks parce qu’on a moins de trafic aux entreprises depuis septembre et que ça déborde quand même pas mal au tourisme depuis le départ de Coralie (voir plus bas),



- Jeff, qu’on appelle le Schtroumpf à lunettes, notre dernière recrue. Il parle comme un livre, conçoit, vend et accompagne des circuits culturels « à forte valeur ajoutée » (en gros, il vend des trucs chiants des voyages culturels à des vieux sous assistance respiratoire seniors, qui rapportent un max)’,


- Sonia qui traite en priorité les ventes Maroc (notre 1ère destination) et aussi les sociétés quand Max n’est pas là,



- Amandine. Vente tourisme. Polyvalente, à l’écoute, juste parfaite…





- Coralie est en congés maternité depuis fin janvier. Elle vient d’accoucher d’un petit machin baveux qui ne ressemble à rien Melvil (mon Dieu, où est-elle allée chercher ça… ?) et reviendra en juillet. C’est la plus ancienne du comptoir (après moi) et la plus expérimentée,


- et moi… trente ans, blonde, très célibataire et depuis fin septembre 2010, responsable des ventes à l’essai… à l’essai, parce que Big-Boss est un fourbe garçon prudent et qu’il ne voulait pas officialiser ma promotion immédiatement. Histoire de « pouvoir se retourner » (By the way, c’est le printemps depuis 8 jours et il faut absolument que je me trouve un mec rapidement sinon je vais exploser).


Jusqu’à présent, ce post ne vous a pas appris grand-chose… mais il fallait que je recontextualise (on dit ça ? sans doute pas… mais j’aime bien inventer des mots) un peu : Big-Boss m’a proposé jeudi matin « qu’on déjeune ensemble » pour parler de mon salaire de chef d’agence confirmée… et voilà, c’est entre deux portes que j’ai appris ma titularisation… il va falloir maintenant songer à aligner la thune rétribuer ce titre, Big-Boss !






Je récapitule : depuis deux ans, je gagne 2000 € par mois, plus des commissions sur mes ventes (un peu plus de 10 000 € au global annuel ces deux dernières années, je sais… je déchire ma race… je ne me débrouille pas mal...). On a un système de commissionnement sur les ventes assez tordu. Il faut que je fasse un livre de math' un post complet pour vous expliquer comment ça marche…


En septembre, Big-Boss a essayé de me refiler une saloperie m'a proposé de prendre de la hauteur et de m’occuper de la mise en ligne du site web que l’agence devait lancer sur le Maroc. (Une vaste rigolade d’ailleurs ce truc : 4 mois qu’Isa bosse sur le projet, et on n’en voit toujours pas la couleur…)


J’ai retourné le Big-Boss comme une crêpe (ce terme « retourner » devient une obsession ou quoi ?) et je lui ai proposé de prendre en main le comptoir, le coaching des filles, l’animation commerciale, tout ça… d’être chef quoi… Il a décidé de répartir le travail de la façon suivante :


- pour lui, le développement et le suivi commercial, la gestion et les grandes choses que seul un patron sait faire…



Je reformule : « le développement commercial », ça veut dire pousser les portes des clients : il passe sa life avec les patrons de PME et leurs secrétaires (il connaît leurs dates d’anniversaire et les drague honteusement leur offre des fleurs). Du coup, tous les soirs, il repasse par l’agence et nous rapporte au moins deux demandes : les prochaines vacances du directeur de telle ou telle boite…



Là, où j’admire Big-Boss, c’est qu’il ne prend pas bien souvent rendez-vous. C’est sa tactique : il débarque dans les sociétés à l’improviste mais il a un tel bagout qu’il ne se fait jamais renvoyer balader. Le « suivi commercial », c’est une espèce de saloperie d’usine à gaz qu’il appelle CRM. C’est une chose toute pourrie qu’on a mis en place pour que les clients reçoivent des propositions commerciales susceptibles de les intéresser (en gros…)





Big-Boss passe une journée complète à suer dans son bureau (on apprend en général des gros mots assez fleuris) à faire des requêtes SQL (ne me demandez pas ce que c’est…) et en fin de journée, il reçoit les coordonnées des clients qui « partent en couple au printemps en moyen-courrier et aiment la thalasso et le golf ». On leur envoie alors un mailing pour un complexe au Portugal qui fait une opération spéciale pour les golfeurs et les soins en thalasso en mai et en juin. Avec un peu de chances, ces clients là vous nous acheter un séjour à Bali ou un week-end à New-York. Moi, à sa place, je tirerais les clients au sort, ça serait aussi efficace…



- pour Isa’, toute « l’administration des ventes ». L’administration des ventes, c’est un terme très pompeux pour dire « paperasse ».
En gros, Isa’ reçoit les commerciaux, baratine argumente auprès des prestataires divers pour obtenir des produits et des conditions toujours plus intéressantes, crée des fiches produits et destinations pour orienter nos ventes, traite les réclamations et les 3 groupes et demi qu’on a chaque année, pointe les factures et les règlements… Bref, elle tripatouille du papier gère.










Le truc bien pour nous, c’est qu’on est concentrées sur la vente : pendant qu’Isa gratouille, on s’occupe de nos clients : accueil, écoute, reformulation, conseil, persuasion, pression pour signer. Ensuite, gestion des inscriptions, facturation, carnets de voyages…


- pour moi, l’animation du comptoir : je dois faire le nécessaire pour….
1. Faire entrer les clients dans l’agence : je décide donc des destinations et produits mis en valeur en vitrine et sur lesquels nous allons communiquer. Charge à Isa’ de trouver des sponsors pour les soirées portes-ouvertes et des trucs à mettre dans les vitrines.


2. Affecter un vendeur à chaque prospect en fonction des profils de chacun. Genre, l’instit’ aigrie, je la refile au l'oriente vers le schtroumpf à lunettes (ils parlent pareil…) ; le client séjour chic, je l’envoie vers Amandine ; le client safari, il est pour moi…






3. Suivre les argu’ des vendeurs par rapport aux demandes clients, les conseiller, recadrer, aider à vendre mieux, donc plus… je dois donc toujours avoir une oreille qui traine et faire attention à tout ce qui se passe dans l’agence.


Quand big-boss m’a nommée responsable des ventes à l’essai (le fourbe), il m’a octroyé une prime de 1500 € pour compenser la baisse de mes com’ (ben oui : si je suis reine de la ruche et que je coache les petits, comment voulez-vous que je facture autant qu’avant ?). Et il m’a demandé d’attendre 6 mois pour reparler de mon salaire.




Alors voilà…

Je savais bien que je pouvais m’attendre à au moins 250 € d’augmentation puisque j’avais eu une prime de 6 mois x 250 € = 1500 €…« je ne suis pas folle vous savez ! » Il faut quand même remarquer que depuis que je suis à ce poste, mes commissions ont baissé de genre 150 € par mois… (D’accord, j’ai un peu appuyé sur la pédale de frein ces derniers mois... et en plus, avec ces histoires de révolutions au Maghreb, d’inondations en Australie etc… c’est un peu difficile…)

Il a fallu jouer serré. J’ai commencé par rappeler à Big-Boss comment je coachais bien les filles, comment j’avais failli étriper assumé la formation du schtroumpf à lunettes etc… j’ai juste omis de lui dire que les « exercices de cotation » que j’avais passé au schtroumpf à lunettes pendant deux mois, c’étaient mes propres devis… (Qu’est ce que c’est bon d’avoir un esclave pour les basses besognes assistant...)








C’était une sorte d’introduction : mes nouvelles fonctions permettent à tout le monde d’être plus performant… et donc à Big-Boss de gagner plus d’argent !

Big-Boss m’a proposé une augmentation de 300 €. Je voulais 500 €. Je les ai à peu près eus. J’explique :
1 – J’ai expliqué à Big-Boss que je passais beaucoup de temps à encadrer, former les filles et faire des réunions avec Isa’ et lui et que du coup, je faisais moins de vente par manque de temps (preuve : mon chiffre perso a baissé de 17% entre octobre 2010 et mars 2011 par rapport à la période octobre 2009 / mars 2010). Mécaniquement, mes commissions baissent… J’ai perdu plus de 150 € par mois… et que ça, ça devait se compenser….

2 – Pour compenser ces 150 €, il fallait donc que je sois augmentée de 450 €… 150 € de « rattrapage de commissions » et 300 € d’augmentation… Et j’ai ajouté que je voudrais bien une partie du bonus des autres… Les filles font à peu près 400 € de bonus chacune. L’objectif est bien entendu qu’elles fassent plus (grâce à mon coaching…) J’ai négocié 3% des bonus de Coralie, Amandine, Sonia et Jeff pour moi… ça fait genre 50 € en plus, mais je vous assure que ça va augmenter !

3 – Big-Boss m’a donc accordé 400 € d’augmentation sur mon fixe… et ces fameux 3% sur les bonus des filles et de Jeff… (ce qui devrait faire encore pas loin de 100 € en plus). Et dés demain, je vais lâcher la pédale de frein sur mes ventes à moi… pour faire remonter mes commissions…

Pour faire ma grande, j’ai voulu l’inviter à déjeuner… il a fait son fier et m’a dit que « jamais il n’accepterait d’être invité par une collaboratrice ». Même sa « nouvelle chef d’agence » promue catégorie E. Et là, il m’a donné un petit paquet cadeau. Dedans, y’avait mes nouvelles cartes de visite… « Chef d’agence ». Waouh ! A défaut de pleurer de joie, je crois que mon sourire a éclairé mon visage. Pour la peine, Big-Boss a eu une bise de ma part ! Je ne sais pas si le pauvre chéri va s’en remettre…

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