vendredi 15 mars 2013

Léa est en vacances mais elle pense à toi


Bon. La grosse saison hiver est enfin terminée. Ce que j’appelle la « grosse saison », c’est la période qui va de décembre à février. Les trois mois où les dossiers Caraïbes, Océan Indien et Asie s’enchainent. De la folie : depuis des mois, on a vendu ces destinations à la chaine… Quand je lis que « Maurice est à la traine », comment dire ? Pas chez nous !  

Et puis Coralie est (enfin) rentrée  de congé maternité. Je vous raconte à quel point le petit Robinson est kro-mignon, comment Melvil s’est tellement autonomisé depuis qu’il a un petit frère, comment Coralie est une femme épanouie, comment le bonheur d’être mère, stooooooooop ! Je préfère vous épargner :
Le bonheur des autres, ça commence à bien faire. 

Dans un récent post, je vous expliquais comment Big-Boss me « remboursait » mes 10/12 heures de boulot par jour (et 6 jours par semaine) pendant 5 mois.

On refait le calcul : 60 heures par semaine payées 42 = 18 heures supp x 21 semaines = 378 heures à récupérer ! Il m’a accordé 6 semaines au soleil avec billets d’avion, hôtels, transferts et visites. 

Et bien, depuis le 27 février, c’est parti !
- 3 jours à Dubaï (c’est ma commerciale Emirates qui a insisté pour que j’y aille) et deux semaines en Thaïlande avec ma copine Lucie, 
- 10 jours au Cambodge avec mon Nico à moi que j’aime, 
- et 2 semaines au Vietnam avec 3 copines.


Moi qui suis maître en organisation de voyages sur mesure, vous pensez bien que j’ai réalisé un tableau en 8 dimensions qui clignote pour satisfaire les envies de tout ce petit monde : 
- shopping, plage, massages et fiesta avec Lucie, 
- découverte de la  civilisation oubliée d’Angkor et balades au cœur de la nature cambodgienne avec mon Nico (oups, je parle comme une brochure moisie) 
- et pour le Vietnam, la totale circuit avec chauffeur-croisière dans le baie d’Halong-plages et minorités du nord avec les copines.

Mes réceptifs adorés ont négocié des conditions de la mort qui tue pour tous mes accompagnants. Bref, grâce à eux (et à Big-Boss qui sait tenir ses promesses), je suis moi aussi une femme parfaitement épanouie. (et contrairement à Coralie, je n’ai pas de gnome braillard).

Je reviens un peu sur le mois de février :
Il ne s’est passé que 15 jours entre le retour de Coralie et mon départ pour l’Asie. C’était largement assez pour la tenir au courant de mes dossiers en cours.

La tonne de carnets des vacances de février (qui ont eu lieu cette année en mars) était remise aux clients. Restaient quelques VDM (qu’on a traitées ensemble : elle parlait aux clients et je lui indiquais au fur et à mesure ce qu’on pouvait espérer comme dispo) et surtout la transmission des gros dossiers familles de juillet-août sur lesquels je bosse depuis parfois trois mois.

Ah… les dossiers d’été des familles composées, décomposées et recomposées… vous savez, ce genre de dossiers moisis où on bosse à l’aveuglette parce que « mes vacances ne sont pas posées ; j’attends de connaitre les dates de mon associée qui dépendent de celles de son mari qui attend de savoir ce que son directeur financier va vouloir prendre parce qu’ils ne peuvent pas partir en même temps»    

Euh… tu veux que je l’appelle le directeur financier du mari de ton associée pour qu’on avance un peu sur tes vacances ? Parce que moi, petite abeille laborieuse, j’avance à tâtons sans savoir quand tous ces braves gens vont daigner prendre leurs vacances. Et quand je le saurai, la suite que je te vante depuis Noël sera prise par quelqu’un qui  a besoin de moins de temps que toi pour réfléchir. (je dis ça, je dis rien)       
 
De toute façon, je n’aime pas trop la fin de l’hiver à l’agence. On est crevés par la saison (météo dégueu-dernières minutes-contre pro tordues), les compagnies aériennes changent sans arrêt les horaires des vols (à croire qu’elles découvrent à chaque saison qu’en Europe, on a des heures d’été et des heures d’hiver), les clients ne se préoccupent pas encore des ponts du mois de mai (alors que plein de trucs sont archi-full ou déjà super chers) et on brasse des demandes pour juillet-août qui vont aboutir des mois après (ou qui n‘aboutiront pas d’ailleurs).

Bref, c’était le moment idéal pour s’échapper, fuir Paris et sa saison bâtarde (tu as envie que ce soit déjà le printemps alors que l’hiver n’en finit pas) et retrouver des contrées plus accueillantes.  

Je vous promets que ces 15 jours au pays du sourire m’ont transformée. J’étais usée jusqu’à la corde, vieillie, épuisée, au taquet. Je suis reposée, vitaminée, bronzée, massée, délassée et prête à attaquer dès demain la deuxième étape de mes vacances avec mon Nico.


Ça vous étonne que je sois heureuse d’être en vacances ? 30° de plus qu’à Paris, du poisson frais tous les jours et du sable blanc sous mes orteils.

Je sens que je vous agace un peu… oui, je suis heureuse et comme disait ma grand-mère (qui est pleine de bon sens) « changement d’herbage réjouit les veaux ». Et ben je vais te le dire : depuis que j‘ai quitté l’herbe mouillée pour le sable chaud, je suis réjouie. 

mardi 5 mars 2013

Les agences MICE ? Un cauchemar...


Ceux qui suivent ma life sur Facebook le savent : ça fait un an que je suis à la colle avec Nico. « à la colle » est l’une des expressions les plus sales que je connaisse mais moi qui était plutôt du genre « fille indépendante », je suis devenue une espèce de chose mielleuse et collante. D’où le choix du mot… 

Donc, je vais faire aujourd’hui ce que j’aime le plus depuis que je le connais : parler de Nico !
Quand je l’ai rencontré, il avait un métier rigolo : il montait dans un avion orange, faisait le clown avec son gilet de sauvetage et un masque à oxygène de démo pendant qu’un chef de cabine disait des bêtises au micro, il vendait du café et des muffins, disait au revoir aux gens qui descendaient de l’avion, bonjour à ceux qui remontaient dedans 25 minutes après (entre-temps, il faisait les poubelles) et ça recommençait 2 à 4 fois par jour.

Pendant six mois, on imagine bien que son cerveau n’a pas été très sollicité par son taf. S’en sont suivis trois mois de chômage. Depuis le mois d’octobre, Nico a troqué ses ridicules chemises orange et son gilet molletonné contre la tenue classique d’un commercial.
Nico est en effet « commercial France » pour une petite chaîne hôtelière dont je ne dirai pas grand-chose ici pour que toi, lecteur attentif de TourMaG.com, ne puisse l’identifier.

Et donc, son job, il consiste en quoi, te demandes-tu dans ton for intérieur, curieux(se) que tu es,  impatient(e) d’en savoir plus ? Je m’en vais ici te l’expliquer.

En deux mots, Nico est la (très jolie) incarnation de la susdite chaîne hôtelière pour le marché français.

La cible principale de cette chaîne, c’est les groupes et les séminaires d’entreprise. Et là, mes sœurs (et frères) agents de voyages, il faut que je vous pare de nos cousins éloignés : les gens qui travaillent dans des agences MICE. MICE, ça veut dire « meetings, incentives, conventions & events » (parce que chez les MICE, on parle anglais).

Un billettiste affaires, on sait ce qu’il fait : il réserve des billets (même si on fait croire aux clients qu’il « apporte des solutions en gestion de déplacement professionnel »)

Une meuf comme moi, c’est une marchande de rêve (même si dans ton réseau, on t’a affublé d’un badge « travel planner »).

Quand tu débutes dans une agence MICE, tu es (au mieux) chargé(e) de projets. Et quand tu prends du galon, tu passes « chef de projets » voire « directeur de clientèle » (mazette…). Et bien figure-toi que ça n’a rien à voir avec ton métier : là où une vendeuse de rêves normale prend un cahier des prix et une feuille excel pour faire une cotation, l’agent MICE lance un appel d’offres.

Ah oui : l’agent MICE a des process : il lance un appel d’offres avec un brief, il impose un cahier des charges et fixe le rétro planning. Il parle des valeurs de son client (en général, un labo pharmaceutique moisi qui vend à prix d’or des médicaments non remboursables, ou un assureur véreux qui organise un voyage de récompense pour ceux de ses commerciaux qui ont placé un max’ de contrats inutiles à des pigeons paranoïaques). Pas facile dans ces cas-là de dégager une valeur autre que « faire du pognon » mais l’agent MICE est magique.   

Quand Nico reçoit les brief des agences en question, il prend un air inspiré, fait semblant de lire le laïus indigeste et prétentieux en franglais de l’agent MICE et fait son boulot : (pardon : il rédige une proposition commerciale qui prend en compte la problématique du client, en apportant son support à l’agent MICE, apporteur de la solution  globale pour ce projet)

Avec un peu de chance, la chaine hôtelière de mon Nico est retenue en short list (oui, l’agent MICE fait une short list) et il est invité à défendre sa proposition en commission. Traduction : il est convoqué à endroit improbable genre Rueil Malmaison pour faire une présentation. (tu es déjà allé(e) un jour à Rueil Malmaison ? Moi, c’est mon rêve le plus fou…)

Dans la commission, il y a bien sûr l’interlocuteur de Nico chez l’agence MICE, (surstressé, qui tripote son blackberry en espérant qu’il sonne, ce qui lui permettra d’expliquer qu’il est « en négo, absolument charrette mais que oui, bien sûr, je m’y engage : vous l’aurez ce soir, au pire, cette nuit » parce que l’agent MICE aime bien bosser la nuit pour donner l’impression qu’il est important), avec un peu de chance le patron de l’agent MICE (qui harcèle Nico de questions en précisant que « dans notre métier, jeune homme, on n’a pas le droit à l’erreur »). Bien entendu la mention « jeune homme », n’est destinée qu‘à rappeler à Nico qu’il est un gamin (c’est vrai qu’il ne fait même pas ses 26 ans…)

Si dans la commission, il y a un représentant du client, c’est pire. Il n’est jamais intéressé à rien et se demande ce qu’il fait là (puisqu’il paie une agence MICE). Ca ne perturbe pas Nico mais dans ce cas, la patron de l’agence MICE flagorne à mort et guette un semblant de réaction de son client pour applaudir des deux mains sa brillante intervention. On a l’impression d’être au théâtre, c’est un cauchemar…

Si un établissement de la chaîne de Nico est retenu pour l’opé’ (c’est comme ça qu’on dit : ça évite de se demander si c’est une convention, un séminaire ou un truc assimilé), les galères commencent : il y a toujours des imprévus, des modifications de programmes, des gens qui s’ajoutent au dernier moment (genre 71 pax en single dans un hôtel de 68 chambres…)

Face à ces gens, Nico est imperturbable, sort sa tablette numérique, fait des présentations légères et simples sans jamais stresser, tout seul, comme un grand devant des acheteurs de grosses boites et des agents MICE au taquet.

Nico vend « ses hôtels », ne promet pas l’impossible et sourit. Parce que Nico ne se prend pas au sérieux et que le sourire est son arme fatale (avec ses costumes un peu trop ajustés qu’on a toujours envie de lui arracher avec les dents tellement il est sexy).

Quand Nico sort d’un appel d’offres ou d’une présentation-client, il profite de son déplacement à Rueil Malmaison (ou assimilé) pour aller visiter dans le coin des agences-loisirs. Ben oui : tant qu’à s’emmerder à aller jusqu’à Rueil-Malmaison, autant aller voir la fine fleur des agences de voyages du coin.

Là, c’est bien plus simple : il s’enquiert des habitudes de vente de l’agence sur la destination où sa petite chaîne a ses hôtels, s’intéresse aux goûts des clients de l’agence, sort sa tablette, présente un ou deux hôtels (ceux qu’il pense adaptés aux clients de l’agence en question), suggère de passer derrière le comptoir (et non pas sous le bureau, je vous voir venir) pour montrer comment sont affichés ses hôtels sur Amadeus (parce que figure-toi que sa jolie fiancée blonde l’a initié à Amadeus Hotels) et propose de laisser des brochures.

Le lendemain, il envoie toujours un gentil e-mail de remerciement « pour la disponibilité de l’équipe » et attache une présentation succincte, dès fois que l’agence ait envie de garder quelque chose. Voilà. Comme ça. Sans pression.

Le gros de son chiffre est fait avec les agences MICE mais il aime bien démarcher les agences-loisirs. Je vais te dire comment il nous trouve : « rafraîchissantes ». Alors, les filles, un conseil : si vous voyez Nico, restez fraîches. Même s’il vous met le feu avec ses présentations. Parce que sinon, c’est moi qui vais chauffer…