Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais pour pas mal de boites de tourisme (et en particulier les plus grosses), en ce moment, ça sent un peu le sapin… crise financière, bulle immobilière gonflée à bloc, moral des ménages en berne, pouvoir d’achat mis à mal… c’est carrément impossible un poil compliqué de faire des affaires. Et à cause des 4 jours fériés du mois de mai (et autant de ponts), on n’a que 23 jours ouvrés en mai 2012 contre 26 en mai 2011. Ça ne va pas être facile de faire le même chiffre ! au moins dans les agences physiques…
Lors de la campagne présidentielle de 2007 (parfois, mes références et ma capacité à ne pas voir le temps passer me surprennent…), Ségolène Royal s’était approprié le terme « agilité du travail » pour l’opposer à la « flexibilité du travail » défendue par son adversaire. Traduction : être flexible, c’est se plier/casser et faire des efforts ; être agile, c’est sautiller dans tous les sens comme une danseuse de zumba sous exctasy. Vous voyez le tableau ou vous avez besoin d’un dessin ? C’est dynamique, énergique et ça ne fait pas mal.
Et là, vous vous dites « Léa s’aventure sur un terrain glissant ». OK… je crois qu’on en a tous ras le bol de la politique et de la campagne que nous venons de vivre.
Revenons à nos moutons. Chaque fois qu’il y a une crise, une entreprise est condamnée à s’adapter. Et plus l’entreprise attend, plus elle se met en danger… elles fonctionnent comment, les boites de tourisme, aujourd’hui ?
Les plus petites sont agiles… Je vous l’expliquais dans mon dernier post : pendant que Coralie va partir couver Alien 2, on va jouer aux chaises musicales : Big-Boss reprend les groupes à la place d’Isa, parce qu’elle passe aux sociétés pour palier le fait que Sonia renforce le tourisme… pour remplacer Coralie ! On est petits, on est « agiles » comme le disait l’ex de notre nouveau président.
Et pendant ce temps là, que se passe-t-il chez les plus gros ? On se tirlipote :
Chez TUI France, le comité d’entreprise et l’intersyndicale « remettent en question le bien fondé du plan social ». Ah ouai, quand même ! Depuis que je travaille dans le secteur, j’ai l’impression que cette boite enchaine les restructurations, les réorganisations et les plans sociaux. Visiblement, les précédentes évolutions n’ont servi à rien puisque chaque réorg’ est immédiatement suivie d’une nouvelle. Et Jean-Marc Siano (gueule carrée, épaules larges, sourire éclatant), autrefois porté aux nues, est désormais soupçonné d’avoir réussi à maquiller les comptes pour faire croire que la situation s’améliorait alors qu’en fait, elle se dégradait aussi vite que la cote de la Grèce selon les agences de notation…
Et chez Thomas Cook ? Quelqu’un y comprend quelque chose ? Denis Wathier (yeux bleu acier, moue boudeuse, humeur de dogue) a été sacrifié sur l’autel de la rentabilité car il était responsable de tous les maux de l’entreprise (l’actionnaire n’avait sans doute pas entendu parler du printemps arabe). Pour le remplacer, on élève Rachel Picard, sa fille spirituelle (mais adorée de tous) au rang d’égérie miraculeuse. Six mois après, elle disparaît. Thomas Cook plc trouve en effet que sa filiale française sous-performe... Même Big Boss et son coach n’osent pas employer ce terme moisi.
Je continue ? Allez, je n’évoquerai pas la moribonde Air France… (on ne tire pas sur une ambulance) mais plutôt la compagnie modèle européenne : Lufthansa. Figurez-vous que la compagnie envisage de sous-traiter l’emploi des PNC. Je traduis : les hôtesses et stewards de Lufthansa seraient bientôt employés par « une boite extérieure ». Bêtement, je pensais que l’humain devait être au cœur de la stratégie d’une boite de service. Je dois vraiment être une petite blonde stupide pour croire des trucs aussi sots.
Et chez Easyjet (que je connais un peu de l’intérieur, si vous voyez ce que je veux dire…), on a ouvert une base à Toulouse (et on y a basé des avions) et décidé de… ne pas y baser d’équipage ! Du coup, les PNC de la base de CDG dorment sans arrêt à Toulouse pour assurer les vols au départ de la nouvelle base. (rien qu’en avril, mon Nico a passé 7 nuits à Toulouse, mettant ainsi en péril l’harmonie de notre couple l’équilibre financier de la compagnie). Pas de problème d’effectif cependant pour assurer les vols de CDG : les équipages ont été tellement surdimensionnés que depuis des mois, ils ont davantage de jours de stand by que de jours de vol.
Bref, c’est juste du grand n’importe quoi ? ou ces organisations sont en fait le fruit de stratégies brillantes que je ne suis pas capable de comprendre?
Je ne suis peut-être qu’une petite cadre inférieure blonde et stupide, mais je m’insurge vraiment contre ces bâtards de dirigeants cupides qui ne sont pas capables de mettre en place des organisations, des méthodes de gestion et des systèmes de reporting pour maintenir le cap de leurs boites.
Mon Big-Boss (qui a ses défauts, hein… le premier d’entre-eux étant de ne pas avoir le regard de Denis Wathier…) sait où va son bateau. En bon capitaine, il regarde au loin son cap, évite les écueils et communique avec son équipage… et si je file la métaphore marine, c’est parce qu’au milieu de la tempête, notre petit bateau flotte bien…
Oui, Big-Boss est agile. Il sait exploiter les compétences de chacun, animer sa team et travailler tous les marchés : l’agence est généraliste mais spécialiste du Maroc, elle est à dominante « tourisme individuel sur-mesure » mais on traite des sociétés, du groupe constitué et des GIR culturels, c‘est une agence physique mais les ventes web ne sont quand même pas négligeables, on traite plutôt du « haut de gamme » mais Big-Boss nous a proposé de penser au développement d’un segment « low cost ».
Parce que oui, Big Boss sait exploiter impliquer son personnel (Isa, le schtroumpf à lunettes et les petites du comptoir). Pour développer le segment « low cost », Big-Boss n’a pas mandaté de consultant en stratégie expert en rétro plannings et en présentations powerpoint. Il a senti une tendance, en a parlé à sa team, nous a écoutés (l’ex du nouveau appelait ça la « démocratie participative » dans la campagne de 2007). Un week-end du mois de juin (la date reste à définir), on va brainstormer comme des malades à l’île de Ré, le fief de Big-Boss. Entre une balade à vélo et une dégustation d’huitres, on va penser « évolution de l’agence ». Pour la rendre agile…
Et si j’étais à la tête d’une grosse machine pataude, je m’inquièterais de la concurrence discrète et efficace de ses petites boites créatives… mais je dis ça, je ne dis rien…